Mes chers petits agneaux :;:: voici un nouveau concept de jeu : le combat, la baston entre deux membres pour... rien du tout. Le fun quoi. A moins qu'un charmant membre ne se dévoue pour créer une récompense. Leur arme : une nouvelle, faisant moins de 10 pages word. Le thème est libre mais je vous rappelle quand même la définition de la nouvelle :
C'est un texte court.
Il met en scène peu de personnages
Il comporte une chute
Tout comme au théâtre (pour ceux qui suivent les cours de francais) il n'y a qu'un seul événement. Dans le sens large du terme. Il n'y a qu'une intrigue principal quoi. Mais cela peut s'étaler sur plusieurs jours et lieux (contrairement au théâtre :;:: )
Voilà pour l'idée. Et le premier duel sera...
Date de fin : Mardi 27 mai inclus Durée des votes : 1 semaine. Le texte qui aura reçu le plus de vote sera reconnu vainqueur. Mais vos commentaires seraient aussi les bienvenus.
Bonne chance :;:fight:
Dernière édition par James Hamlet le Mar 27 Mai - 22:55, édité 1 fois
Elvio V. Amaro
Artisan
Messages : 381 Rabbits : 5162 Date d'inscription : 15/08/2012 Age : 29
Informations Alice Votre Alice: Possession(s): Occupation: Gérant du Salon de thé Flagrance of Youth
Sujet: Re: C'est l'heure du du...du...du...Duel ! Jeu 22 Mai - 15:48
HAN JE VEUX PARTICIPER AU PROCHAIN!
J'adore ce genre de truc ;w; Bref James et Tetsu, battez vous... UNTIL THE DEATH
( Oui j'aime le franglais, ça fait plus classe ou plus ridicule, je me tâte )
Invité
Invité
Sujet: Re: C'est l'heure du du...du...du...Duel ! Mar 27 Mai - 22:05
J'ai. Enfin. Terminée. *tombe raide morte sur son clavier*
Je m'excuse d'avance auprès de James et Elvio. Je ne vous dit pas pourquoi, vous le savez. J'espère que vous apprécierez quand même. Je souhaite bonne lecture -et bon courage pour lire ces 8 pages- aux autres. Je vous aime ♥
PS: ne faites pas gaffe aux fautes, pitié. Je n'ai pas eu la foi de me relire, et j'ai appris qu'il ne fallait jamais repasser derrière. Alors, voilà. Ignorez, s'il vous plait. Sauf si c'est vraiment flagrant...
the story of us:
Le quotidien est fade. Tellement répétitif, tellement rongeur, le quotidien bouffe l'âme, nous transforme en robot ; le quotidien est un salaud qui nous tue à petit feu, qui nous gratte la peau jusqu'à l'os. Le quotidien me blesse sans cesse, moi petite fée un peu dérangée, il m'a toujours baffé, avant. J'avançais sans le voir, je parlais sans le savoir, je survivais sans m'en apercevoir : je ne ressemblais plus à rien, avant, vous savez. A rien. Ou si, à ces automates qu'on voit tout le temps à la télé, avec leurs gestes mécaniques et leur regard vide. Un regard qui nous plonge dans le noir, qui nous bande les yeux pour se jouer de nous, de tout. Avant, j'étais comme tous ces autres, un mouton parmi le troupeau, le fantôme invisible dans la foule indivisible. J'agonisais, j'étouffais, je n'aimais pas le contact, je n'ai jamais rien aimé de toute façon, j'ai toujours appris à tenir, simplement tenir, mentalement et physiquement. Tiens-toi droite, me disait tout le temps maman, tiens-toi tranquille, me disait tout le temps papa. Tiens toi, ou l'on te bouffera. Tiens toi, ou tu n'y survivra pas.
Et puis je l'ai rencontré, elle, ma bohème enchantée, mon adorée, celle aux yeux clairs, qui nous gave de merveilles. Et puis je l'ai rencontré, elle, ma Plume d'Or, ma saleté qui dort, éveillée et toujours en train de planer. Sa blondeur hypnotisante, sa posture agaçante. Courbée, penchée, comme si elle portait le monde sur ses épaules mon amoureuse, le regard fatigué mais tout en beauté. Je m'y suis crue, moi, au paradis, j'ai vu un Ange là devant moi, si jeune mais si vieille pourtant, complètement défoncée, lassée de la vie, même de la mort. Elle avait déjà tout vécu, j'en suis certaine, elle avait déjà tout vu et tout battu ; c'était la Reine du combat, la peau parsemée de pureté effritée, les traits tirés même pas maquillés. Oui, elle est apparue devant moi, poings dressés, déterminée ma princesse, à tout changer. Rendre tout ça moins lourd à porter. Elle a tout changé, mais nous y étions destinés. Je m'y étais préparée depuis toujours, je l'ai tant prié. Ce bouleversement désespéré.
Elle m'a regardé. Moi l'invisible, son regard d'eau s'est posé sur mon corps pâle et fin, son regard de braise, celui qui tue, qui nous enflamme et qui nous brûle. Son regard d'eau s'est posé sur mon corps pâle et fin, en promesse silencieuse : « je te sauverais du désastre ». On avait dix-sept ans, elle était nouvelle, spéciale, ailleurs, dans son monde. Dans sa bulle, mais tellement présente ma déesse, tellement présente dans ma tête. Elle me hantait. Comme un fantôme, gentil et puissant, elle me possédait, maléfiquement. Tout le monde avait peur d'elle, dans notre classe, tout le monde la détestait par sa différence, par son absence et sa présence. Je me suis effilochée, j'me suis brisée petit à petit, au contact. J'ai aimé son épiderme, j'ai aimé sa façon de m'étaler en flaque par terre, je l'ai aimé, je l'ai hais de m'avoir fait vivre. Mon électrochoc. Moi, moi j'étais un monstre aux dents de supre, moi j'étais l'invisible aux ailes coupées, et elle s'est transformée en ma Belle, ma déesse, elle m'a rafistolée avec ses outils naturels, ses mains douces et ses mots fourbes. Ses chuchotements au creux de mon oreille en hurlement d'agonie, ses caresses d'un instant. Sauve moi, sauve toi, sauve nous. Je ne m'en suis jamais remise, de cette rencontre, de ce toucher, de ce regard. Je ne me suis jamais remise d'elle et de ses mots, d'elle et de ses maux. J'aimerais de nouveau toucher sa peau et sentir son odeur de tigresse. En promesse.
Je suis le monstre, elle était ma princesse, nous étions destinés. Nous étions mal aimées.
Je marchais sur l'eau, avant elle, vous savez. Je marchais sur de la boue, je glissais, je trébuchais, j'étais fragile, j'existais pas, j'existais plus. Je buvais souvent la tasse, je me ramassais des baffes. Tiens toi droite, le monde en dépend, tiens toi tranquille, si tu ne veux pas qu'on te défile. Je suis le monstre, elle était ma princesse. Je me suis approchée, un jour, je voulais lui parler, je voulais la toucher. La connaître et renaître. Elle regardait par la fenêtre, je me souviens, elle rêvait, encore. Dans sa bulle, dans son monde, absente mais présente. « Dit, tu t'appelles comment ? » Elle me regarde. Ses yeux de larmes me fixaient, je me sentais mal, je tanguais. J'allais chuter, me ramasser, me bouffer le sol pour ne plus respirer, j'allais crever, là sous ses yeux froids et desséchés. « Crystal. » Fragile et magnifique. Cela lui correspondait parfaitement. Fragile et magnifique, ma belle Ephèbe. Mon ange en Princesse. Je l'ai hais, de m'ignorer comme ça. Je l'ai hais, de ne pas m'aimer. Je l'ai hais, car elle ne cherchait pas à me sauver. Elle crache sur toutes les règles, vous savez, elle crache sur le monde et ses préjugés. Elle emmerde l'univers, elle vit elle, ce n'est pas un robot, elle ne l'a jamais été. Bohème même pas étiquetée. Même son style était décalé, vous savez, elle changeait du jour au lendemain ; un jour, elle est en jean, le lendemain en jupe, un jour, elle est en rose et jaune, le lendemain tout en noir. Crystal, mon beau verre qui me ronge comme un vers, mon contraire et mon miroir, mon ying comme mon yang, tellement de personnalités, tellement d'originalité. Je l'ai hais. Je l'ai hais de tant l'aimer.
*
J'avais passé mon temps à rêver, depuis son arrivée. J'avais changé du tout au tout, je ne me levais plus difficilement, je ne survivais plus, j'apprenais à vivre. C'est tout un art d'apprendre à vivre vous savez, de sentir son cœur battre dans notre cage thoracique, d'apprécier cet air qui entre dans nos poumons. D'aimer cette vie qui nous est offerte, ne plus avoir cette impression constante de brûler de l'intérieur. Mes démons étaient toujours là, bien enfouis, ils ressortaient parfois pour recommencer à me grignoter l'âme, mais je ne les laissais plus faire. J'me battais, mes doigts entourent leur cou, les étouffent. Je les affronte, dans le blanc des yeux, tout au fond de nos cœurs en morceaux. Je vivais, quoi qu'il arrive, pour son regard, pour une attention de sa part, j'apprenais à vivre pour elle. Elle me maintenait, sans le savoir, c'était mon héroïne dans tous les sens du terme. Une drogue dure que je sniffais avec bonheur, ma superwoman avec sa grande cape et ses supers pouvoirs. Mais je ne l'en haïssais qu'encore plus, avec ses rêveries et ses délires. Je ne l'en haïssais qu'encore plus de me sauver sans bouger le petit doigt. Moi, moi j'me sentais si seule, si vous saviez, j'me sentais si abandonnée, et pourtant quand je la regardais j'avais l'impression qu'elle avançait avec moi, qu'elle me serrait la main, qu'elle était présente. J'y ai perdu ma tête, j'y ai perdu mon cœur. J'ai tout vendu pour ce gramme de bonheur, pour oublier le malheur. « Tu lis quoi ? » Elle se laissa tomber à mes côtés. Tu lis quoi, une phrase de sa part, sous ce vieux châtaigner, cette journée d'été.
Je lis quoi. Je l'ai oublié à ce moment-là, ce que je lisais, car elle me parlait. Ses yeux d'encre me fixaient avec une curiosité certaine, ses yeux d'encre qui me faisaient frémir. J'aurais tellement voulu plonger ma plume pour écrire des mots insensés, si vous saviez, j'aurais tellement voulu les vider de leur couleur fatale pour pouvoir écrire mes maux sur un tableau blanc, pur, sans aucune rayure. Tout reprendre de zéro, avec cette encre, pouvoir tout recouvrir de nouvelles phrases bien faites, bien construites et sûrement magiques ; des phrases qui me feraient rêver, comme ses mots chuchotés au creux de mon oreille, des phrases dictées par ses lèvres et le bleu de ses yeux. L'océan, la mer, ma mère. L'eau en pureté, l'eau d'une telle clarté. « …Euh... Jou-jour sans faim, de Del-Delphine de Vigan. » Je lui tendais fébrilement mon livre, qu'elle prit délicatement entre ses doigts de fée. Bon sang, ça devrait être interdit d'avoir des doigts si fins, si délicats. Elle lit le résumé, silencieusement, puis me regardais suspicieuse. « Tu aimes ce genre d'histoires ? » Moi ? Oui. J'aime ce genre d'histoire, j'aime savoir que je ne suis pas la seule à part, que je ne suis pas la seule à être différente. Que je ne suis pas la seule à avoir quelque chose de casser à l'intérieur, là, tout au fond de ma petite âme seulette. Mon regard se baissa, je me sentais honteuse, je ne pouvais pas lui dire ça, ce serait trop dur. Elle me prendrait pour une folle.
Alors je me mis à jouer avec l'herbe sous mon corps, l'herbe si verte si éclatante. L'herbe qui vivait plus encore que nous, simples humains. J'aimerais être de l'herbe, ou une fleur, la vie doit être si simple, non ? Pas d'amour, pas de peine, pas de crainte. Juste vivre au soleil et sous la pluie. Ne s'inquiéter de rien. Je pourrais avoir l'avantage d'être libre, contrairement aux plantes, mais même pas ; au fond, les autres nous ligotent, avec leurs réflexions, leurs réactions et leurs pensées malfaisantes. Nous étouffons dans les étreintes des autres. Nous sommes de simples marionnettes qui essaient de se défaire de l'emprise de leurs bourreaux. Nous sommes tellement, tellement pathétique. Alors oui, je voudrais être une herbe, pour pouvoir vivre correctement, et arrêter de penser. Pour mon bien. Pour mon bien... « Oui. J'aime ce genre d'histoire. Elles sont tellement... Tellement... Différentes. » « Je trouve ça triste, moi. De s'auto-détruire comme ça, pour un rien, ou pour un tout. Pour les autres, surtout. Moi, je préfère ignorer les jugements, et vivre ma vie jusqu'au bout. » Je la regardais, surprise. Je n'étais donc pas la seule à vouloir vivre de cette façon ? Avec insouciance et dérision ? Juste profiter du moment présent, comme on pourrait déguster de la bonne nourriture, ou apprécier la vue d'un tableau. Sentir notre peau frémir sous la morsure du froid, écouter notre cœur battre en rythme, goûter la moindre chose. Vivre. Moi aussi je voudrais vivre, mais j'y arrive pas. j'ai jamais su, je crois. Je m'inquiète toujours de tout, pour n'importe quoi, et surtout pour un rien.
Moi, j'suis une angoissée de la vie. J'arrive pas à l'apprécier, à la goûter avec passion. J'arrive juste à la craindre. Mais, parfois, je me dis que je préfère prévoir le pire plutôt que de m'attendre au meilleur qui n'arrivera jamais. Mais, parfois, je me dis que ça ne rime à rien, tout ça, que c'est une bataille vaine, que je vis pour un vide. Que je ne suis là que parce que les autres le veulent bien, ou l'ont voulu, un jour. Mais, parfois, je baisse les bras, je souffle sur le château de cartes que j'ai construis un peu vite, un peu faiblement. Je fais exprès de me briser un peu plus, parce que j'apprécie ça, au fond. Avoir mal. Ça me prouve que j'vis encore, même un petit peu. Ça me prouve que non, j'suis pas encore un de ces robots programmés. Je fais exprès de me briser un peu plus, parce que peut-être que quelqu'un le verra, un jour. Je me rendis compte que je la fixais depuis un petit moment déjà. « Sauf que j'ai beau essayé, je n'arrive pas à vivre. » Je détourne le regard, je ne veux plus la voir. Je suis idiote, faible et fragile, moi, j'suis cassée, moi je suis pas elle même si je le voudrais. Qu'elle parte, qu'elle me laisse, je ne veux plus penser à elle, je ne veux plus qu'elle me hante, mon fantôme encore vivant, je veux plus qu'elle fasse partie de moi. C'est fatiguant à la fin, d'aimer quelqu'un comme ça, de l'aimer sans le connaître, sans l'apprendre.
Il y a un moment de silence, un gros blanc, mais je sens toujours sa présence à mes côtés. Pourquoi ? Pourquoi reste-t-elle si elle aime la vie ? Pourquoi reste-t-elle si elle veut pouvoir bouffer la vie à s'en arracher l’œsophage ? Qu'elle me lâche, qu'elle me laisse tomber elle aussi, je vous en prie. Je me sens soudainement abattue, je n'ai plus envie de rien. Je veux crever. C'est direct, c'est vulgaire, c'est mal fait, c'est mal dit. C'est moche, mais c'est vrai. Je veux crever, disparaître six pieds sous terre, je veux redevenir le fantôme sans saveur que j'étais avant. J'aimerais revenir en arrière, ne jamais la rencontrer, ma muse aux mille couleurs, elle et ses yeux d'encre, elle et son esprit trop grand. Et puis elle s'allonge sur mes genoux, et moi je ne peux que la regarder, surprise. Ses mains sont tendues vers le ciel, comme si elle essayait d'attraper quelque chose, ou de toucher le ciel du bout des doigts, du bout de son âme, en tout petit. Comme une fourmis qui rêverait d'être l'oiseau. Mais, princesse, tu sais pas, tu sais pas que tu es bloquée au sol, tu sais pas que t'es enchaînée à la terre, dit-moi, tu sais pas, on te l'a jamais dis, qu'on pouvait pas être libre ? C'est triste tu sais, nous sommes si tristes à l'intérieur, nous les humains. Moi, moi j'voudrais tout savoir, tout voir, tout comprendre, tout vivre et tout ressentir. J'en ai assez, moi, de me battre sans cesse pour un petit rien que j'espère transformer en quelque chose, tu sais, alors arrête d'essayer d'atteindre le ciel, t'y arriveras pas chérie. TU N'Y ARRIVERAS PAS ! Je voudrais le lui hurler, mais j'y arrive pas, j'y arrive plus. Je suis fatiguée. Si fatiguée. Pitié, sauve moi.
« Laisse-moi t'aider à vivre, alors. Tu verras, c'est pas aussi compliqué que tu ne peux le penser. » Elle me regarde, les bras toujours tendus. Oh, pitié, mon adorée, laisse moi écrire de ton encre, laisse moi utiliser la plume de ton esprit pour tisser mes toiles dans mon vide. Laisse-moi y croire à ta place, laisse-moi en profiter, rien qu'un instant. Yeux dans les yeux, cœur contre cœur, âme contre âme. Laisse-moi, je t'en supplie, exister rien qu'un instant. Penser, comme toi. Imaginer, comme toi. Créer, comme nous deux ensemble. Main dans la main. J'aimerais vivre, tu sais, j'aimerais vivre comme toi tu sais vivre. Je secoue la tête, la dégage de mes genoux et me relève. « Je dois y aller. A plus. » Et je pris la fuite sans me retourner. Je ne voulais pas avoir une nouvelle déception, j'avais peur, si vous saviez comme j'avais peur de l'abandon. Mais la vérité, c'est que j'avais plongé dans son regard, j'avais plongé dans son océan, j'y avais lu tellement de choses, tellement de sentiments. Peur, joie, amour, tristesse, colère, nostalgie. Son âme traversait ses yeux, des milliers d'informations s'y filtraient à la minute, c'était extraordinaire comment on pouvait lire à travers d'elle rien que par son regard comme dans un livre ouvert. Et c'est ça qui me faisait peur. Moi, celle qui ne voulait pas devenir un robot, avait peur des sentiments des autres. Etais-je en train d'en devenir un, alors ? Fuyais-je les sentiments par peur de les ressentir de nouveau ? Non. Demi-tour. Il ne fallait pas, je ne le pouvais pas, courir comme ça. Mais j'étais déjà trop loin. Oh, non. Je me laissais échouer contre un mur, le cœur battant. Mes yeux se fermaient et je me concentrais dessus. Je les sentais. C'était comme si ma poitrine allait imploser, et mon cœur exploser, comme si il allait gerber tout ça, tous ces ressentis d'un seul coup. D'un haut-le-cœur, tout déchirer. Me ronger jusqu'à la moelle. Me détruire jusqu'à plus soif. Cette sensation était intense, inexplicable, magique et terrifiante.
La sensation d'être en vie était en train de me briser de l'intérieur.
*
Elle a continué. A venir me voir, me poser des questions, elle a continué pendant longtemps, les mois passèrent, mon âme s'effilochait. Je l'aimais, je l'aimais à la haïr, de plus en plus, à vouloir la détruire, la casser. Son éternel optimisme me bouffait, ses sourires me rongeaient, parce que moi j'étais là, je stagnais, je ne bougeais plus. J'étais redevenue le monstre. Tiens toi droite, souris ma princesse, souris le monde s'y penche pour l'examiner. Souris, ou tu seras éliminée. Mais je veux plus jouer, moi, vous savez, je veux plus jouer de rien, je veux plus jouer avec moi-même. J'aimerais avoir un château bien solide, pas fait de cartes. J'aimerais qu'elle me reconstruise de ses mots. Elle se pencha vers moi, c'était un soir d'hiver maintenant, elle se pencha vers moi et avec un sourire amusée elle me chuchota : « Eh, t'es déjà allée en boîte ? » Non. Jamais. Je me suis jamais éclatée, j'ai jamais dansé à part des slows ou des valses, pour des fêtes d'entreprise où mes parents se rendaient. Je ne me suis jamais déhanchée sur une musique qui nous explosait les tympans, je ne me suis jamais éclatée sur une piste de danse sous le regard envieux des hommes qui seraient à mes pieds. Jamais. Et si j'y allais maintenant, avec toi, je m'y perdrais tu sais, je ne verrais que toi, pas les autres, pas les regards des hommes sur ma peau satinée, à découvert, et sur mon âme bien cachée. Je ne verrais que toi, ma Déesse, mon adulée. Je secouais la tête, on était devant le lycée, elle glissa sa main dans la mienne et se mit à courir. Je la suivis, parce que c'était tout ce que je pouvais faire. La suivre, même au bout du monde, la suivre, même au bout de ma vie.
C'était bizarre. Chez elle. Cela lui ressemblait, en fait. Des vêtements partout, des couleurs dans tous les sens, des pièces en jaune, en rose, d'autres en noir et blanc. C'était comme une peinture abstraite, son appartement. Comme un livre incompréhensible pour nous, simples mortels. Sa chambre était simple : un lit double vert, des murs rouges et gris, une table de chevet violette. Il n'y avait aucune composition, aucune alliance, cela faisait moche, mais c'était tellement bizarre que je ne m'en apercevait pas. Son armoire ouverte, je me retrouvais à essayer différentes tenues, toutes plus sexy les unes que les autres, ce qui ne m'allait absolument pas. De plus elle était plus grande que moi, alors c'était compliqué. Pourtant on finit par me dégoter une belle robe rouge bien moulante qui m'allait parfaitement. Et merde. Je n'avais plus d'excuse, mais j'avais peur. Le monde dans lequel elle m'emmenait n'était pas pour moi, je le savais, je le sentais. J'étais terrifiée, j'allais me ramasser, et elle me quitterait sans aucune pitié. Je ne voulais pas être de nouveau seule, je considérais ça comme un test de sa part, et je ne voulais pas me foirer. Maquillage, coiffure, elle s'occupa de tout, avec ses doigts de fée, et moi je me laissais diriger ; elle était mon marionnettiste, elle me guidait à sa guise. « Voilà. Tu es parfaite comme ça. » Pas plus que toi, tu sais. Toi, tu es une véritable lumière, n'importe quand et n'importe où, tu nous illumines de ta beauté. C'en était frustrant, à force. Je vais finir par devenir aveugle, à force de trop t'admirer, tous les soirs en secret.
La boîte. Je n'étais pas encore majeure pourtant, enfin presque, j'avais dix-sept ans, mais je ne l'étais pas pour autant. Il a juste fallut qu'elle fasse un signe au garde du corps pour qu'on entre sans problème. Comment y arrivait-elle ? Bonne question. La musique battait son plein, m'emplit jusqu'au plus profond de mon être. Les lumières dansaient avec la foule, dans un même rythme incongru. Tout ici m'était méconnu, j'étais terrifiée et bluffée par tant de beauté. Tant de vie. Il n'y avait plus de moutons, plus de tristes mines, plus de quotidien, ici, on oubliait tout. Ici, on perdait tout jusqu'à notre identité, pour juste danser. Danser jusqu'à se perdre, danser jusqu'à manquer d'air. Je frémissais sous cette nouvelle vie découverte. Je n'avais plus peur, je n'étais juste pas à l'aise. Elle me tira jusqu'au bar où elle nous paya deux gins. Je le bus à petite gorgée, lentement, je n'étais pas pressée ; on avait toute la nuit devant nous. Pour s'aimer, pour aimer, pour danser, pour mourir et renaître entre deux pas de danse bien coordonnés. Finalement, nos boissons terminées, elle me tira jusqu'à la piste, on plongea dans la foule comme un nageur plongerait dans une piscine. Sauf que je savais nager, maintenant, elle m'a apprit comment faire, comment vivre et respirer sous l'eau. Elle commença à se déhancher, tout sourire, elle me hurla : « Détends-toi, profite, regarde cette vie, boit-là, croque-là, ce n'est qu'un soir tu sais alors profites-en, la vie n'est pas éternelle ! Qui sait de quoi demain sera fait ? Danse, danse comme si c'était la dernière fois. » Et la vie m'habita. Et la danse me posséda. Je ne voyais qu'elle, comme prévu, je suivais ses mouvements, je me coordonnais à elle, j'étais son ombre et son miroir.
La sensation d'être en vie était en train de me posséder complètement.
*
Il pleuvait. On venait de sortir du lycée, la pluie tombait, alors on s'était mise à courir, nos manteaux au-dessus de nos têtes, et on riait comme des gamines. Il pleuvait, et nous on courait dans les rues, on zigzaguait entre les passants vide de vie, vide de sens. Des moutons, et nous on allait dans le sens inverse, on les traversait de part en part, on leur donnait un peu de notre joie de vivre dans ce gris trop puissant. Elle courait, elle riait, ses yeux bleus ressortaient encore plus sous la grisaille, j'y plongeais et m'en abreuvait. Mon oasis de vie. Et puis, elle sauta dans une flaque, et hurla, hurla au monde entier sa vie, la partagea comme une bonne dose de dopamine : « Regarde l'eau ! Elle est si transparente, si pure, ce sont les larmes que toutes les personnes du monde n'ont pas pu verser quand ils en avaient besoin, regarde, elle nous reflète si bien, l'eau ! » Regarde, regarde comme tu es brillante, il pleut et il fait froid mais toi tu brilles de mille feux, toi tu me réchauffes le cœur Crystal. Elle aussi, elle était une goutte de pluie, de l'eau bien fine, pétillante ou gazeuse, parfois plate ; elle aussi, elle était aussi transparente que du verre, mon cristal, si fin mais si fort, son âme offerte à qui veut bien la lire dans son regard d'eau. Regardez-la, regardez-la, qui a déjà une fille pareille, vraiment ? Qui a déjà vu une joie aussi parfaite, vraiment ? Je hochais la tête, et on se dirigea chez moi, toujours en courant. Chez moi, mon élément, ma vie. Elle était la première à le voir, mais elle ne le savait pas. Qu'elle était la première à entrer dans mon monde à moi, ma petite bulle bien confortable.
On retirait nos chaussures, j'allais étendre nos manteaux trempés dans la salle de bain. Elle parcourait l'entrée du regard avec curiosité. Oui, je sais, c'est grand chez moi, c'est très froid aussi. Aucune photo, aucune couleur. Très différent de chez elle. Que du blanc, trop pur, trop brillant. Pas du tout moi. Pas du tout l'homme et ses saletés, pas vrai ? Elle ne sait pas tout ce qui a pu se passer dans cette maison. Tiens toi droite, sale rebus, tiens toi droite ou tu seras la honte de la famille, crois-moi. On t'a pas voulu nous, on t'a jamais voulu, mais on a pas le choix, alors maintenant tiens toi droite, mieux que ça voyons, mieux que ça ! Tu veux une autre claque ? Allez vas-y, j'attends, soit mieux que nous autre, soit mieux que toi-même, encore. Je secouais la tête, c'était pas le moment d'y penser. Mes parents n'étaient plus là, ils n'étaient jamais là en fait, juste pour me donner des leçons. « Tu veux manger quelque chose ? » Gêne. Silence. Normalement, elle n'aimait pas le silence, elle parlait tout le temps de la moindre de chose. Pas là. Comme si elle respectait ce silence. Comme si elle sentait quelque chose. Un truc. Elle secoua la tête et partit en vadrouille pour découvrir les pièces. Toujours aussi curieuse. Cela ne me déplaisait pas. Je la suivis silencieusement, la laissait découvrir les mêmes murs blancs, les mêmes meubles sans valeurs avec des bibelots sans saveurs.
Et puis elle entra dans ma chambre. Elle était plus colorée, rouge noire et blanche, mais elle était bien rangée, bien droite et bien carrée. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, puis s'allongea sur mon lit sans plus de cérémonie. Je me laissais tomber à ses côtés, me blottie contre son corps tout chaud tout grand. Je me sentais bien en cet instant, tellement que mes yeux se fermèrent. Et je me mis à rêver. Rêver de grands océans, deux qui nous engloutissent dans leur havre de paix. Rêver de champs de blé, blonds et fins, qui pourraient toucher le ciel, si hauts, si grands, les épis de blé. Blonds et bleus. Comme elle. Quand est-ce qu'elle allait arrêter de me hanter, hein, expliquez-moi ? Quand est-ce que j'allais arrêter de l'aimer, hein, dites-le moi ? Quand je rouvris les yeux, elle me regardait. Elle était inquiète. J'avais dis quelque chose pendant mon semi-sommeil ? Que se passait-il ? La panique s'empara de moi. Pitié, faites qu'elle ne me laisse pas, je ne le supporterais pas. Ses iris océans étaient plongés dans les miens, et je m'y noyais de nouveau. J'étouffais sous ce regard angoissé. « Ne m'aime pas. » C'était un murmure. Mais c'était trop tard, tu sais, trop tard, je t'aimais en passion moi, je t'aimais en abandon.
« Ne m'aime pas. » Plus déterminé. Ce n'était pas seulement un conseil, c'était un ordre. Je ne la comprenais pas, je ne la comprenais plus. « Ne m'aime pas ! » MAIS C'EST TROP TARD ! Je t'aime à en crever, tu le comprends ça ? Je t'aime à nous souder pour l'éternité, d'un coup de couteau en plein cœur, d'abord le tien puis le mien. La mort nous irait si bien, non ? Nous qui aimons la vie à en mourir. Elle se met au-dessus de moi, son regard ne me quitte pas, je m'y noie. C'est trop tard. C'est trop tard. Le mal est fait. « Non, je te hais. » C'est un murmure sortit de ma bouche. Elle se penche vers moi. Souffle erratique. « Je vais te faire l'amour. » Possession. Ses bras m'entourèrent, nos lèvres se scellèrent dans une promesse d'amour d'un soir. D'amour, dans le noir. Étreinte d'une nuit, étreinte de minuit, je m'offre à elle sur l'autel du vice. Nos ombres se lient, nos âmes se délient. Folie, douce folie, elle nous a atteinte ce soir, elle nous a rongé jusqu'à la moelle.
La sensation d'être en vie était en train de me faire perdre la raison.
*
Et c'est à partir de là que notre relation changea, tout en restant la même. C'était assez bizarre, en fait. On continuait à rire, à courir dans les rues, à aller en boîte normalement. Je continuais à la haïr et à l'aimer, pendant qu'elle continuait de rêver et de s'émerveiller. D'aimer la vie et de danser sur les règles. Mais, parfois, n'importe où et n'importe quand, elle me regardait son regard inquiet, angoissé ; comme si quelque chose se préparait, comme si quelque chose la rongeait, du plus profond de l'âme, du plus profond de son être, comme si les mots n'avaient plus de sens, comme elle avait perdu la vie de vue. Et puis, son « ne m'aime pas » s'élançait dans l'air. Plusieurs fois, quand on était seule, plusieurs fois « ne m'aime pas ». Elle me hurlait à s'en arracher les poumons quand elle le pouvait, au bord des larmes, elle pétait les plombs en me répétant « ne m'aime pas ». Comme si se faire aimer la terrifiait, comme si le fait que quelqu'un s'accrochait à elle la rendait dingue. Je ne la comprenais pas, je ne l'ai toujours pas compris. Je ne la comprendrais jamais, d'ailleurs. Crystal était un putain de mystère, un mystère qui nous laisse dans le brouillard jusqu'à la fin de notre misérable vie. Un ouragan qu'on ne voit pas, à l'intérieur de nous, qui balaye tout ce qu'on a pu construire pendant toutes ces années, un ras-de-marée qui engloutit tout notre être sans en laisser la moindre trace. Elle et ses yeux magnifiques. Elle et sa candeur. Elle et ses mots enchanteurs.
Puis, après m'avoir hurlé dessus pendant dix minutes, « ne m'aime pas ! » « NE M'AIME PAS ! TU N'AS PAS LE DROIT ! » elle se jetait sur moi et nous faisions l'amour, comme ça. Ensuite, elle prenait la fuite. Elle prenait toujours la fuite. Comme si ça avait été un crime. Et lorsqu'on se retrouvait le lendemain, on faisait comme si de rien n'était. Comme si elle n'avait pas encore craqué, comme si elle ne m'avait pas cassé. Encore. Comme si on avait pas chuté, ensemble, main dans la main, dans un puits bien sombre. Ne m'aime pas. Pourtant, ces mots se répercutaient dans ma tête chaque jour, chaque minute, depuis qu'elle me les avait dit pour la première fois. Pourquoi ? Qu'est-ce qui t'empêche d'être aimée, dit-moi, parle-moi, tu sais qu'tu peux tout me dire. Tu sais que tes secrets enfouis seront bien gardés avec moi, tu sais, j'pourrais te porter moi, sur mes maigres épaules, de mes petites forces à peine visibles, tu sais, je pourrais essayer de te comprendre. Même un peu. J'aimerais te comprendre.
Mais je n'arrivais jamais à les lui dire, ces mots, parce qu'ils semblaient ne pas avoir de sens. Moi-même, je ne les comprenais pas vraiment, en fait. Comme si ils étaient vides, des mots vides, des mots sans sentiments, des mots sans ressentiments. Ne m'aime pas. Qu'est-ce qui t'effraie tant dans le fait d'aimer, ma belle ? Qu'est-ce qui t'effraie tant dans le fait d'être aimée, mon adorée ? T'as pas à avoir peur. Même si l'amour ça fait mal, même si l'amour est très proche de la haine, ne t'inquiète pas, tout ira bien, tu verras. J'aurais voulu les lui chuchoter à son oreille, le soir, quand j'avais la chance de la voir dormir, lorsqu'elle avait un visage serein que je ne lui voyais que dans ces moments, ses cheveux châtains clairs étendus sur le coussin. Mais je n'y arrivais pas, alors je ne faisais que l'admirer en silence.
Et puis cela se passa. La séparation qu'on attendait tant, le déchirement que l'on pouvait avoir. Mais non, ce n'était pas vraiment un déchirement. Peut-être même un soulagement, en fait. Parce que plus les semaines passaient plus elle s'éloignait, plus elle s'évadait. L'ange était en train de récupérer ses magnifiques ailes, et vint le jour où il s'envola de nouveau. C'était un mardi, le 27 mai, je m'en souviens comme si c'était hier. Cela faisait plus d'un an que je la connaissais, maintenant, un an de pur bonheur, un an où j'ai appris à vivre, sans survivre. « Je m'en vais ». De but en blanc, le matin, lancé à travers la classe, à la fin de la journée. Elle avait le regard vide, impassible, pour la première fois depuis qu'on s'était rencontré. Cela m'a fait drôle de la voir avec cet air sur le visage. Je ne m'en rendais pas vraiment compte à ce moment-là, je crois, qu'elle allait partir. Me laisser, m'abandonner sans un baiser. Je me disais juste que cet air neutre sur son visage faisait moche sur elle. Ca la ternissait, ça la vieillissait, alors qu'elle ressemblait à une grande gamine, la plupart du temps. J'ai finis par percuté au bout de quelques minutes : elle s'en allait. Comme ça, du jour au lendemain. Je ne lui en voulais même pas. Je n'ai pas pleuré. Je n'ai jamais pleuré pour elle – jamais. Mais je me suis dissoute. Ce sentiment d'étouffement, de crever sur place avec la boule au ventre et des vertiges, me donnait des frissons. Cela faisait longtemps qu'il n'était pas arrivé, ce sentiment. Cette impression d'agoniser. Je voulais crever, là, bêtement, je voulais disparaître six pieds sous terre. Elle allait me laisser, m'abandonner, partir loin, je me retrouverais encore toute seule, pour la énième fois.
Mais je ne lui en voulais toujours pas. J'avais beau me le répéter sans cesse, me passer ses quatre mots en boucle, je n'y arrivais pas. Parce que j'ai toujours su que cela allait se passer comme ça : un ange ça a besoin de liberté, vous savez, un ange a toujours besoin de voler ; de s'étendre, d'entendre. Le monde, la vie. De découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes ; un ange a toujours besoin d'aimer n'importe qui dans le monde, et de ne pas se focaliser sur une seule personne. Et Crystal était un ange, un ange qui avait pour mission de me sauver la vie. Et elle a réussit. Alors maintenant, elle repartait, et je n'arrivais pas à lui en vouloir, d'être un ange trop beau et trop pur pour moi. « Quand ? » « Demain soir. » Vingt-quatre heures, j'ai encore vingt-quatre heures devant moi pour profiter d'elle, avant qu'elle ne retourne parmi les nuages. Alors je pris sa main, sans un mot, et on sortit du lycée – tant pis pour les cours. Tant pis pour la vie, pour la survie, tant pis pour tout. J'veux juste profiter d'elle, une dernière fois, une dernière journée. Pour mon dernier souffle de vie, avant de retomber. Avant de me remettre à crever. Elle m'a prit dans ses bras, mon ange, et elle s'est envolée avec moi ; j'ai vu la vie du ciel, j'ai vu la mort de loin, la tristesse n'existait plus. J'ai volé, j'ai vécu, dans ses bras là, au chaud dans ses mots tous doux, tous beaux. J'ai vécu une dernière fois, on a volé au travers la ville, on est passées par le parc, on a marché sur la plage, on a rit comme si elle ne partait pas, je l'ai encore plus aimé pour l'avoir encore plus hais après. Mais son départ restait une idée tout au fond, un petit démon qui me chuchotait sans cesse au creux de l'oreille « elle va partir, tu sais, elle va te lâcher et ne plus jamais se retourner. T'oublier, et t'effacer de toute sa vie. »
Et puis on est allées chez moi, pour la dernière fois. Tout a été une dernière fois. Mais on a pas fait l'amour, non, ce serait de trop romantique, trop triste. Non. Elle m'a juste regardé : « Je t'avais dis de ne pas m'aimer. » Elle était triste, ça se voyait. Triste de quoi, de repartir dans son magnifique monde, tout étincelant, tout pétillant ? Elle avait sa vie là-bas, sa vie remplie de rires et de sourires, de magie et de contes en poésie. J'ai secoué la tête, je lui ai souris. Parce que je ne pouvais faire que ça, sourire. Dire que tout allait bien. C'est ce que j'ai toujours appris, avant elle, mes anciennes habitudes revenaient. Sourit. Tiens toi droite. Tiens debout, porte tout sur tes épaules, ferme-la. Ferme-la. « Ne t'inquiète pas. Je ne regrette rien. » C'était vrai. Comment pourrais-je regretter alors qu'elle m'a sauvé la vie ? Alors qu'elle m'a sauvé de la mort ? Non. Je garderais simplement ces souvenirs au plus profond de moi, je les chérirais jusqu'à ma mort, jusqu'à ce que je la retrouve pour en créer d'autres. Parce que je la verrais, je le sais. On revoit toujours les anges, là-haut, on les recroise toujours dans le monde. Parce qu'ils sont partout et nul part à la fois. Moi, j'me la trimballerais partout, je le sais. Dans mon cœur, dans ma tête, je la porterais comme un bijoux précieux que je ne quitterais jamais, je l'emmènerais partout où j'irais. Avec mon amour, et avec ma haine. « Je te hais. Vraiment. Je te hais parce que tu es magique, je te hais parce que tu as toujours été illogique. Pour moi, pour le monde. Je te hais parce que t'as toujours été ce que je ne suis pas, t'as toujours eu les mots, les pensées, le regard. Je te hais parce que t'es là, tout le temps, partout où j'vais, dans mes pas et dans mon ombre, je te vois dans chaque trace, chaque mot. Je te hais parce que je t'aime beaucoup trop. Voilà la vérité, c'est que je t'ai toujours aimé, depuis la première fois que je t'ai vu, y'a un an. C'est que je t'ai toujours détesté, d'être apparu là devant moi, alors que j'en avais le plus besoin. » Elle me regarde, et sourit. Me serre dans ses bras, m'embrasse pour la dernière fois. Pour la dernière fois.
Et elle est partie, le lendemain soir, comme prévu. Je ne l'ai pas vu avant, c'était trop dur. Ou trop léger, je ne sais pas trop. C'était trop, voilà. Trop pour moi, mon pauvre cœur, ma pauvre tête. Je me sentais lâchée, abandonnée, j'allais craquer. Mais je ne l'ai pas fais. Je vous l'ais dit, je n'ai jamais pleurer pour elle. J'ai toujours souris à son souvenir, quoi qu'il arrive. Parce qu'elle me l'avait offert, ce sourire, et que c'est l'un de mes plus précieux cadeau que je peux chérir pour l'éternité. J'ai continué à aimer la vie, même après son départ. Mais j'ai continué de flirter avec la mort aussi, parfois. Parce qu'on ne peut pas se défaire de ses démons les plus sombres, jamais. Ils rôdent toujours quelque part, terrer dans un coin sombre. Mais il me suffit de repenser à ses yeux océan, à me replonger dedans, pour m'en sortir, pour reprendre de l'air et oublier mon âme en verre.
Je m'appelle Isis, j'ai aujourd'hui 24 ans et j'ai aimé pendant un an transformé en éternité. Je m'appelle Isis, j'ai aujourd'hui 24 ans et la sensation d'être en vie ne m'a plus jamais quittée.
James Hamlet
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Sujet: Re: C'est l'heure du du...du...du...Duel ! Mar 27 Mai - 22:52
Moi... Aussi... J'ai fini... Uuuuh. Je poste donc mon histoire :;:: et ensuite je lance le sondage Je vous aime hein. Votez pour moi /PAN/
Bref voici "Paf les aventures d'un chien-loup"
Spoiler:
Le chien, le renard et le loup sont tout trois de la même famille, ce sont des cousins. C'était un fait connu des principaux concernés comme des humains. Il est dur d’attribuer une race à un de leur petit. Sans compter qu’ils pouvaient descendre de plusieurs espèces à la fois. Moi, par exemple, je ne savais pas réellement si j’étais un chien, un renard ou un loup. On m’avait répété plusieurs fois que ma mère était une chienne mais cette dernière était morte. Je ne m’en souvenais plus vraiment Et puis, ça, c’étais avant que le maître n’arrive et ne vienne me chercher. Il m'avait ensuite donné un logis, près des autres chiens. Je partageais leur gamelle, leur jeu, leur dortoir, tout jeune que j'étais. Ils étaient taillés pour la chasse. Et c'était le seul moment où je ne pouvais me joindre à eux. Le plus vieux d'entre eux était un berger allemand du nom de Wolff. Il avait (d'après ce que j'avait entendu dire) été autre fois chien de troupeau ce qui expliqua qu'il nous commandait aussi bien. Personne ne lui désobéissait, sous peine d'être mordu. Et lui même obéissait au maître ce qui assurait l'autorité absolu.
L'humain avait une famille avec lui, tandis que nous vivions en meute. Il vivait avec sa femelle, une femme très grande, très sèche, avec les cheveux blonds et les traits marqués. Ils avaient ensemble deux garçons qui étaient turbulents et bruyants mais qui venaient souvent jouer avec moi ainsi qu'une fille, plus âgée, qui ne prenait jamais cette peine. De temps à autre venait d’autres personnes, des gens très bien habillés, amenant avec eux d'autres petits. Dans ces cas là, on enfermait tous les canidés dans leur niche et nous n'avions pas le droit de bouger, ni d'aboyer, ni de faire le moindre mouvement. J'avais l'impression que cet ordre s'appliquait tout spécialement à moi, probablement du fait que je n'étais pas très présentable et que, malgré les leçons d'obéissance et de dressage du doyen, je ne savais obéir. J'étais, comme disaient les deux jambes, encore très "sauvage". Au point qu'un jour, excédé, il avait rétorqué que je devais être un loup pour me comporter de la sorte. L'idée était resté et m'avait plu. J'étais un chien-loup, un bâtard comme ils disaient. Un être spécial car je n'aurais jamais du, selon la nature, existé. Mon existence en elle-même était hors du commun. Et quand j'entendais mes confrères hurler au loin à la lune, je n'avais qu'une envie : les rejoindre et devenir leur roi. Voilà ce que j'étais, j'étais Paf, le chien-loup.
Il est vrai cependant, que je ne ressemblais pas beaucoup à mes congénères. D'abord, il me manquait des poils. Ou plutôt, ils n'étaient pas assez longs sur certains endroits. De plus, je n'avais pas un nez très rose, il était plutôt biscornu. Mes oreilles étaient trop petites. Je ne savais pas entendre sur plusieurs mètres comme ils savaient si bien le faire. Néanmoins, j'avais un excellent odorat, malgré la forme qu'avait l'organe. Mais cela n'avait aucune importance après tout. Du moins je le croyais.
Les choses se mirent à changer un beau jour, sans que rien ne le laisse présager. Le maître était parti à la ville. Il n'avait pris aucun de ses animaux avec lui et je ne m'étais rendu compte de ce fait que lorsque les deux enfants étaient venus me chercher. En effet, il ne pouvait le faire qu’en son absence. Ils étaient particulièrement excités.
-Allez viens paf, dit l’aîné. Viens voir sale cabot. -Ouais viens, on va jouer.
Je me levais, tout excité et parti sur mes quatre pates. Ils m'emmenèrent dans le jardin extérieur, celui qui bordait la forêt. J'étais encore plus content car il m'était interdit d'habitude. Je ne savais pourquoi. Peut être avaient ils peur que je me perde. Dans tous les cas, j'avais le pressentiment que c'était un jour spécial. Le plus grand, que l'on nommait Pierre, coupa la branche d'un arbre et la prit, enlevant les brindilles. Cela formait alors un beau bout de bois. Il me le montra fièrement.
-Tu le veux ? Tu le veux ? Alors va chercher Paf !
Et il le lança au loin. C'était un jeu habituel. Je devais ensuite aller le chercher et le leur rapporter. Cela les faisait beaucoup rire. Je m’exécutai donc, comme l'on attendait de moi. L'objet était assez gros et donc pas très dur à trouver. Il s'était logé dans un buisson. Je le pris dans ma gueule et reparti, tout fier vers mes maîtres. Ceux-ci rirent, bien entendu.
-Bon chien, dit le plus jeune que l'on nommait Marc. Bon chien.
Et il reprit le bâton avant de l'envoyer encore plus loin. Cela se fit plusieurs fois, suivant toujours le même schéma habituel et les amusant un peu plus à chaque fois. Mais alors que j'obéissais pour la énième fois, un long hurlement se fit entendre. Je sursautais et lâcha la branche. C'était la nourrice qui sortait de la maison et qui nous avait aperçu. Elle était toute affolée.
-Oh non, non les garçons. Que vous ais je dit cent fois ? Vous n'avez pas le droit de venir ici. C'est mal ! Qui sait ce qui pourrait vous arriver ? Et surtout, surtout, n'emmenez pas cette bête. Votre père vous l'a cent fois défendu. -Mais on s'amuse. Et lui ca ne le dérange pas. Pas vrai Paf ? me demanda-t-il en me prenant à témoin.
J'aboyais joyeusement en guise de réponse, attirant sur moi son regard dédaigneux.
-Bien sur qu'il est d'accord. C'est un idiot. Il n'a pas d'âme.
Elle se retourna vers son mari, qui l'avait suivi. C'était un serviteur dont la famille travaillait pour le compte de la maison depuis trois générations. De ce fait, il avait une certaine mesure d'autorité sur les enfants.
-Rentre immédiatement jeune gens. Vous ne savez pas que les loups et le malin rode dans les bois ? C'était très imprudent de vous aventurez par là bas. -Mais, protesta Marc. Notre père y va souvent. -Votre père est adulte est adulte et homme de foi. Vous n'êtes que des garnements qui n’avaient même pas fait votre communion. Autrement dit quasiment rien alors ne vous méprenez pas.
Cela eut pour effet de calmer les enfants qui le suivirent d'un pas résigné. La nourrice, quant à elle, me jeta un regard noir et m'ordonna :
-Allez viens toi, à la niche. Et plus vite que cela...
Moi aussi j'étais contrarié. J'aurais tellement voulu rester un peu plus longtemps mais mon avis n'était pas pris en compte. Je la suivi donc, moi aussi, et de mauvaise grâce. Je ne savais pas, à ce moment, que c'était le début d'une longue période qui serait, pour tous les êtres de cette maison, le début de la descente aux enfers.
Le soir, le maître n'était toujours pas rentré. C'était très étrange. Jamais il ne s'absentait aussi longtemps et aussi soudainement. La maisonnée était donc un peu tendue. Tous les domestiques vaquaient à leur occupation mais leur pas étaient présents. Les jeunes maîtres criaient un peu plus de d'habitude sans que l'on ne sache si c'était de nervosité ou de joie que cette si grande silhouette ne soit pas là. Après tout, comme on dit, quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Madame, quant à elle, tricotait près de la fenêtre mais ne pouvait s'empêcher de jeter un coup d'œil à la fenêtre toutes les dix minutes. Et moi ? Eh bien moi, j'étais dans ma niche, avec les autres chiens, attendant le dîner qui tardait à arriver. Après tout, les consignes avaient toujours été claires. Seul le seigneur des lieux s'occupait de cette tâche, hors dérogation. Et de dérogation, il n'y en avait pas eu. Ainsi les malheureux cuisiniers ne savaient que faire. Fallait il ou non donner les restes ? Ne risquait-il pas d'arriver d'un moment à l'autre et de les réprimander pour leur acte ? Je ne comprenais pas bien leur inquiétude et même, j'irais jusqu'à dire que je m'en fichais. Tout ce qui m'importait à ce moment était de manger. J'avais l'estomac sur les talons. Et je n'étais pas le seul car mes compagnons également. Ils manifestaient leur mécontentement en grognant, donnant des coups de pattes dans la porte ou tournant en rond. Certains avaient aboyés, criés à la lune. J'avais commencé à me joindre à eux mais l'intendant était sorti, visiblement excédé et leur avait crié dessus, agitant le fouet pour dissuader les plus téméraires. Après cela, plus personne n'avait haussé la voix.
Alors que nous avions fini par croire qu'il ne se passerait rien (que cela soit pour son retour ou notre nourriture), on entendit un grand bruit qui venait de la route est, le seul moyen de venir jusqu'au manoir. Les chiens se levèrent tous d'un coup, aboyant à tout va. Après tout, c'était notre rôle de surveiller la maison et d'alerter à la venue d'intrus. Le vacarme fit sortir madame rapidement, sans qu'elle ne se soucia de sa présentation. Elle se précipita vers le véhicule qui s'était arrêté dans la cour. Une expression de surprise, d'horreur et de peur se peignit sur son visage quand elle vit l'homme qui en descendit. Je ne pouvais voir qui c'était mais j'étais sur d'une chose : ce n'était pas notre maître. Il était beaucoup plus grand et plus mince. Il portait sur sa tête un large chapeau qui lui donnait un air solennel. Dans sa main, il tenait une pochette marron. Même en ne le voyant que de dos, l'on comprenait tout de suite que c'était quelqu'un d'important et d'austère, tout comme monsieur. Peut être est ce un ami, me dis-je, essayant de tordre le cou pour voir un peu mieux. Cependant les chiens de devant me cachaient la vue et je ne pouvais pas bien voir, ni même entendre ce qu'ils disaient. Ils discutèrent quelques secondes avant de se diriger vers le lieu où nous étions, ce qui nous excita de plus belle.
-Couchée ! ordonna-t-il d'une voix dur.
Personne n’osa protester. Ils avancèrent jusqu'à... jusqu'à moi. Quand je compris enfin qu'ils étaient venus pour moi, je fut surpris et me mit à japper. Que me voulaient-ils ?
-C'est donc lui ? demanda l'homme en noir. -Oui. -Il est si précieux que cela ? Un bâtard de son espèce. J'ai peine à y croire. -C'est pourtant vrai. Si jamais ils le trouvent ici, mon mari et moi aurons des ennuis. -... Je comprend, furent les seules choses qu'il dit après un temps d'arrêt.
Il me prit par le collier.
-Debout. Il empeste ma parole. -Je... Je suis désolée, paniqua-t-elle.
Il claqua la langue d'un air contrarié puis fit signe à une seconde personne que je n'avais pas encore vu de venir me prendre. Ils me firent entrer dans la voiture et la porte se referma. Je me mis à paniquer.
-Silence ! m'ordonna t il violemment. Je ne t'ais pas pris avec moi pour que tu me causes des ennuis. Tu en as déjà assez fait comme ça. -... Ne... Ne vaudrait il pas mieux le mettre dans une cage ou l'attacher ? hasarda le second. Il va nous faire remarquer. -L'inverse serait bien plus louche. Rejoignons la maison mère au plus vite et tout rentrer dans l'ordre.
Je ne savais pas vraiment ce qu'était la maison mère ou ce qui m'arrivait mais je n'aimais pas la tournure que prenait les événements. Le véhicule se mit en marche, ce qui me fit sursauter. Je ne m'attendrais pas à quelque chose du genre. Je n'étais même jamais monté dans ce genre de chose.
-Fais le taire ! s'agaça t il. Mais fais le taire !
Je reçu un grand coup à l'arrière de ma tête, sombrant ainsi dans l'inconscience. Je ne sais combien de temps je restai inconscient mais je fut réveillé par un grand bruit. Tout tremblait. Je mis plusieurs minutes à comprendre que ce n'était pas la terre qui tremblait mais bel et bien notre moyen de transport qui s'était renversé. Comme j'étais à terre, j'avais été relativement épargné. Je dis bien relativement car je saignais un peu et que j'étais sonné. Ma patte avant droite était bien rouge également. Mais comparé à mes deux autres voyageurs, je m'en tirai plutôt à bon compte. En effet, ceux ci étaient morts. Probablement sur le champs. Je ne savais ce qui avait provoqué ce désastre mais j'entendais des voix au loin. Rapidement, j'ouvris la portière et me faufilais à l'extérieur. Dans les ténèbres de la nuit, on pouvait voir les villageois qui arrivaient, apportant avec eux de la lumière. J'avais donc deux endroits où aller : soit vers eux, soit vers le bois qui commençait. Je me rappelais les paroles des domestiques. Le bois était rempli de loups. C'était un lieu maudit, maléfique où il m'était interdit d'aller. Je n'eu pas besoin de réfléchir longtemps pour faire mon choix. Ni une, ni deux, je fonçai dans cet endroit, profitant pour la première fois depuis ma naissance d'une totale liberté. Adieu demeure somptueuse et cage à chien, adieu mes maîtres et tout ceux qui s'occupaient de moi. Merci pour tout mais ne vous en faites pas. Après tout, je suis un loup, au moins à moitié. Et ce côté prime plus sur moi que celui dont vous avez tenté de m'inculper. Désormais commencent les aventures de Paf, le chien-loup.
Cela dit, vivre dans la nature s'avéra rapidement plus difficile que prévu. Déjà je ne savais pas chasser, détail non négligeable. J'étais seul, je commençais à avoir un peu froid. J'avais faim également car je n'avais pas souper. En bref, j'étais en mauvaise posture. Je vis bien un ou deux lapins mais ceux ci couraient trop vite pour moi. Je décida donc de d'aord trouver un endroit pour dormir. Manger pouvait bien attendre. Du moins jusqu'au matin. Et puis, qui sait ? A force d'entrer dans la forêt, je finirais bien par trouver un de mes semblables. Au bout de longues minutes de marche, je finis par trouver un endroit où s'était étalé la mousse, sous un arbre. Cela ne changeait pas trop de ma niche habituel. Aussi m'y allongeais et m'endormis rapidement.
Je me réveillai sans trop savoir quelle heure il était. J'avais toujours faim, un peu froid mais moins qu'avant et surtout, j'avais soif. La nuit avait été trop paisible et cela me contraria. Pas la moindre hurlement, ni déplacement qui m'aurait donné une piste. Par où chercher maintenant ? Je me mis donc à marcher de nouveau, essayant de flairer quelque chose, écoutant tous les bruits à la recherche du son d'une goutte d'eau qui aurait pu m'indiquer la route à prendre. Mais je ne sentais rien et je n'entendais rien. Je ne faisais que marcher tout droit. Cela m'énerva rapidement et alors que je songeais à abandonner, passa devant moi une étrange fourrure rousse, accompagné d'une longue queue touffue. C'était un renard, un renard des bois qui me regardait d'un air curieux. N'avait il jamais vu d'être comme moi dans une forêt ? Ou alors peut être me prenait il pour un renardeau égaré. Oui, c'était fort possible. Après tout, même moi je ne savais pas trop ce que j'étais. S'il me prenait sous son aile (euh patte ?), j'aurait été fort heureux. Mais, sans que je pu comprendre pourquoi, l'animal se mit soudain à grogner. Il montra les dents et se mit sur la défensive. Tremblant, je m'éloignais à reculons de lui mais cela ne sembla pas le calmer pour autant. Pourquoi était il en colère ? Qu'avais je fait de mal ? Je ne comprenais pas vraiment et parti sans demander mon reste. Au final, je n'étais pas plus avancé. J'étais toujour seul et sans ressource. Je me remis à la recherche d'un point d'eau.
Sur la route, j'entendis une voix humaine. Ne voulant pas être demasqué, je me cachais dans un buisson et ne bougea plus d'un pouce. C'était des personnes que je ne connaissais pas. Elles étaient armées de batons et semblaient mécontententes. J'essayais d'écouter leur conversation un peu mais elles marmonnaient tellement que c'était compliqué.
-La poisse... Tu es certain qu'il est parti par là ? -Il y a pas trente six milles endroits où il peut aller. En plus, vu les traces de sang, il était blessé. Il n'a pas pu quitter la forêt. -Des nouvelles du notaire ? -L'est mort à l'hôpital. C'était à prévoir. -Et l'autre ? -Aussi. La poisse... -Ecoute, faut qu'on le retrouve rapidos. Si c'est la police qui met la main dessus, on sera tous dans la merde jusqu'au cou. -Sûr ? Moi je trouve que ça sent trop les emmerdes cette histoire. On peut aussi s'en aller et si les poulets viennent nous voir, on dit qu'on savait rien. Après tout, c'est pas nous qui étions dans le coup. -Et ensuite ? Tu crois vraiment que le boss acceptera comme ça qu'on l'ai trahi ? Nan. Vaut mieux continuer à chercher.
Au fur et à mesure qu'ils discutaient, ils avançaient, tapant dans tous les buissons qu'ils trouvaient. Ils arrivaient bientôt vers moi et je ne comprenait rien à ce qu'il cherchait. Ce ne fut que quand j'entendis cette phrase que cela fit tilt dans ma tête :
-Mais pourquoi il est si précieux que ca le bâtard ?
Le bâtard ? Mais c'était moi ça. Alors, c'était moi qu'il recherchait. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Ces types là n'étaient pas gentils, je le sentais. Le baton passa au dessus de ma tête et s'en alla. Ils ne m'avaient pas vu. Encore heureux. J'attendis de longue minute pour être sûre qu'il ne reviendrait pas par là ou qu'ils ne m'entenderaient pas. Puis je sortis de ma cachette et m'enfuis dans la direction opposé. Je voulais rester ici moi. Même si cela semblait difficile, c'était toujours mieux qu'ailleurs. Cependant mes pas me ramenèrent vers la route. Je ne voyais plus notre véhicule donc je supposais que j'avais du m'en éloigner tout de même. Mais l'endroit restait dangereux. Que faire si un humain me voyait ? De l'autre côté, il n'y avait que des champs. Aucun endroit pour me cacher. Derrière moi, il y avait les hommes de tout à l'heure. J'étais pris au piège. Si j'allais du côté de l'accident, je risquais de me faire attraper. Si j'allais dans le sens opposé, peut être me trouveraient ils également. Choix cornélien et impossible au final. Je levais ma truffe et me mit à renifler. J'irais vers l'endroit où il y aurait la meilleur odeur. Oui, voilà. C'était une bonne façon de trancher. Hors ce qui vint frotter mes narines étaient un arôme de viande grillé. Je me rappelais à ce moment que je mourrais de faim et me mit à suivre cette piste. Je longeais la bordure (en prenant tout de même soin à ne pas être visible) et finit par arriver à l'autre extrémité des bois, où se trouvait une ferme. Une femme mettait la table pour quatre personnes. La nourriture grillait sur un étrange ustensile que je n'avais jamais vu. Le linge séchait également au soleil. Je pouvais me cacher derrière sans qu'elle me voie et prendre un morceau tandis qu'elle avait le dos tourné. Silencieusement, je m'approchais de la corbeille et me coucha par terre. Elle rentra dans la maison. C'était ma chance. Je bondis, pris une brochette et ressentit alors une sensation désagréable sur mon bras. Je poussais un hurlement ce qui l'alerta. J'aurais voulu fuir mais la douleur était trop grande. Elle sortit et se mit à crier elle aussi. Mince, j'étais cuit. Sans mauvais jeu de mot. Cela rameuta un homme plutôt grand et costaud –son mari sans doute- qui me fixa avec de grands yeux.
-Qu… Qu’est ce que c’est que ca ?
Essayant d’ignorer la brulure, je tentais –en vain- de m’en aller mais la femme revint à elle et cria :
-Non, attend, ne pars pas. -Fais attention Anna, il est sans doute sauvage. -Mais il n’a pas l’air très dangereux.
Elle saisit un morceau de viande et me regarda.
-C’est ça que tu voulais ?
Je me mis à glapir ce qui sembla l’étonner. Avec précaution, elle enleva un à un les bouts du bâton. Puis elle en envoya un dans ma direction. Je le récupérais rapidement et le dévorais sur place. Elle fit de même, en le laissant un peu moins loin. Et ainsi de suite ce qui fit, qu’au final, je me retrouvais près d’elle. Elle me caressa la tête gentiment. Puis elle remarqua la blessure sur ma patte.
-Mon dieu, mais quel genre de monstre peut faire une chose pareille ? -Je vais contacter la police, marmonna son mari.
Elle acquiesça pensivement de la tête. Mais elle n’était pas la seule à être perdue dans ses pensées. Je ne savais pas quoi faire moi non plus. Devais je rester ? Pourtant les hommes qui me cherchaient avaient également parlé de la police. De plus, il risquait de me retrouver ici. Mais au moins j’avais à manger. Que faire ? L’humaine retourna à son ustensile brûlant, sûrement pour continuer le repas. Si je voulais, je pouvais partir maintenant. J’avais peu de temps pour réfléchir. Et j’en mis trop car l’autre revint et déclara d’un air contrarié :
-La police va bientôt arriver. Apparemment ils le recherchaient. -Tu as des détails ? -Non mais ça aurait un rapport avec le manoir du coin. J’ai toujours dit que laisser des gens comme ça vivre par ici était une mauvaise idée.
Elle claqua sa langue, comme pour montrer sa désapprobation.
-Appelle les enfants au lieu de dire des bêtises, c’est l’heure de manger.
Bientôt deux enfants arrivèrent. Enfin enfants. Ils étaient bien plus grands que les jeunes maîtres. Ils furent très étonnés eux aussi de me voir.
-Maman, maman, c’est quoi ça ? -Je ne sais pas. On l’a trouvé tout à l’heure. La police va venir le chercher. -Pouah, il empeste.
C’était la seconde fois qu’on me disait que je sentais mauvais. Le même jour en plus. Avant cela ne semblait pas gêner qui que ce soit. Cela me contraria un peu.
-Il faudrait lui donner un bain oui. Mais on s’en occupera plus tard. -Il mange où ?
Je ne compris pas pourquoi elle me jeta un regard de pitié à ce moment précis. Elle sembla hésiter puis déposa une assiette par terre qu’elle remplit au fur et à mesure du repas. J’étais trop content de me remplir le ventre pour m’occuper du reste. Cependant je voyais bien que tout du long, les deux adultes échangèrent des messes basses.
Soudain, on entendit un grand son qui provenait d’un véhicule blanc et bleu. Ma première réaction fut de bondir sur mes pattes. Mais la douleur me rattrapa et je me mis à hurler.
-Mais qu’est ce qu’il a celui ci ? demanda l’une des jeunes filles. Il se prend pour un loup ou quoi ?
Sa remarque me figea. Je n’en étais pas un finalement ? Ou pas complètement ? Qu’est ce que j’étais au final ? Je voulais croire que j’étais un chien-loup. Mais personne n’allait dans mon sens. Je me mis donc à hurler de plus belle ce qui l’agaça. Un homme sortit de l’engin roulant et s’approcha de moi.
-Doucement, doucement. Calme toi. Je ne te veux aucun mal.
Tout en disant cela, il monta ses mains, me montrant qu’il n’avait rien. Il s’accroupi finalement et tendis une main vers moi.
-Allez viens. Ca va aller.
Je ne savais pas trop pourquoi mais son calme me calma également. Il me fit entrer dans leur machine. Elle était un peu différente de la précédente, ne serait ce que par la présence d’une grille. C’était un peu effrayant. J’avais l’impression d’être de nouveau à la niche. Je tendis l’oreille quand je les entendis parler
-Merci d’avoir appelé. On le cherchait depuis quelques jours. -Ça a un rapport avec les gens du manoir, non ? -Oui. Mais maintenant nous avons de quoi les faire enfermer.
Ils retournèrent ensuite vers moi et démarrèrent ce qui me fit paniquer. Même les paroles douces de l’agent ne me rassuraient pas. Rapidement, nous arrivames au poste de police (du moins je supposais que c’était cela car je l’avais déjà vu dans un livre illustré de Mademoiselle). On me conduisit dans une pièce bien étrange. Il y avait beaucoup de monde. Dont Monsieur. Mon maître. J’étais surpris de le voir ici et je me mis à aboyer dans sa direction. Je voulais aller vers lui mais son regard me prit au dépourvu. Il était glacial, en colère. Il semblait furieux de me voir ici. Pourquoi ? Qu’avais je fait de mal ?
-C’est lui ? demanda un policier. -Oui, pas d’erreur possible. On l’embarque.
Je ne comprenais rien à ce qui se passais. C’est alors que je remarquais que celui que j’aimais par dessus tout avait les mains attachées par des menottes. Ce n’était pas une bonne chose, non ? Un homme en bleu me prit dans ses bras. Je me mis à paniquer car je ne touchais pas le sol. Il m’emmena dans une autre salle où il y avait un lit.
-Faites venir le médecin. Il faut que cet enfant soit examiné.
Alors que les autres tournaient les talons, je me mis à regarder les images accrochés au mur. Sur l’un d’eux, l’on pouvait voir des chiens de traîneau. J’observais ma patte, la leur, leur visage, tâtait le mien. Je ne leur ressemblais pas, hein ? Je ne leur ressemblais pas du tout. Mais alors qu’est ce que je suis ? Qui suis je ? Qui suis je si je ne suis ni un chien, ni un loup, ni un renard ?
Le lendemain sortit dans le journal le fait divers suivant : Le XX juin, les policiers ont retrouvés un enfant, à moitié nu, blessé. Ce dernier s’était échappé de la secte du seigneur. Né d’une union hors mariage, l’enfant avait été considéré par le gourou comme impure et condamné à vivre avec les chiens. Incapable de parler et probablement de comprendre notre langage, il a été confié à l’hôpital psychiatrique le plus proche.
Alors au final, qui suis je ?
Elvio V. Amaro
Artisan
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Sujet: Re: C'est l'heure du du...du...du...Duel ! Mer 28 Mai - 0:55
Alors, j'ai voté pour Tetsu, parce que voilà, j'ai frissonné en le lisant et que TU ECRIS PUTAIN DE BIEN LES SENTIMENTS. TWT Bon après il est dommage que le thème que tu as traité à été trop vu et revu, mais je te l'ai déjà dit. C'est léger, mais comme j'ai adoré j'ai du mal à être objective.
Mais j'ai hésité jusqu'au dernier moment, je l'avoue. Parce que le texte de Jamie est prenant. L'histoire est très original, c'est ça que j'aime 8D Puis bon, il est très agréable à lire. MAIS J'AI PAS EU LE FRISSON, c'est là la seule différence ;w;
Voilà voilà, c'était bien *^*
Natsui Koneko
RTA EFP (3)
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Sujet: Re: C'est l'heure du du...du...du...Duel ! Mer 28 Mai - 8:04
Coucou :) J'ai voté pour James. Je vais expliquer mon choix.
Tetsu : Tout d'abord je tenais à te féliciter. Tu as beaucoup progressé depuis la dernière fois que je t'ai lu. Et je le dis avec toute la sincérité du monde. Maintenant : - le sujet a été vu revu et rerevu... - tu n'as pas su à mon sens être juste au niveau des sentiments. Je ne peux pas vraiment te le reprocher : c'est extrêmement difficile. Maintenant, pour un texte basée sur les sentiments... ça rédibitoire pour ma part. Désolée. Je n'ai pas été touché. Il y avait trop d'exagération pour que ça me touche vraiment, le texte a perdu au fur et à mesure de la lecture de sa superbe. C'est très dommage.
Cependant, je tiens qdmm à te féliciter, c'était bien ^^ Et tu as fait de beaux progrets, notamment sur les figures de style.
James: Alors James j'ai voté pour toi comme tu le sais ;) Ton texte était très bien. Enfin,pour être honnête, j'ai eu un peu de mal à accrocher au début. "Paf le chien-loup" n'a pas aidé... J'ai cru qu'on allait tomber dans un cliché et j'ai attendu de voir mais j'étais pas très emballée. Et je me suis trompée, c'était loin d'être cliché. Et la chute était tellement bien maîtrisée que je te tire mon chapeau. Donc un point pour toi :)
Bonne continuation les amis :)
Hatori Itashi
RTA Physique - staff
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