Quand on me regarde de loin, on ne remarque au prime abord que deux choses. Ma taille, qui dépasse bien d’une tête tous les natifs japonais que je côtoie, et ma chevelure rousse et frisée, qui non seulement détonne avec les couleurs et la raideur de mes homologues mais également avec leur non-coiffage. Certes, je dis non coiffage puisque dans mes jeunes années, j’ai tenté de les démêler chaque matin sans succès, et à présent, rien que l’idée de prendre une brosse en main me donne une crise d’urticaire. Donc, mes cheveux sont naturellement décoiffés et abritent nombre de nœuds qui feraient passer des nœuds gordiens pour des nœuds papillons. Et c’est pas un simple coup d’épée qui en viendrait à bout.
En regardant mon visage, on découvre ma pâleur diaphane et ma face criblée de taches de rousseur. On remarque également mes yeux verts qui ressortent du fait de ma rousseur. Mon visage est plutôt rond, et j’ai des fossettes naturelles sur les joues dues à mes éternels sourires et des rides au coin des yeux.
Et comme si ma taille et mes cheveux ne suffisaient pas à me faire remarquer, je porte des habits très colorés. J’aime la couleur et toute la joie qu’elle transporte, et jamais je me laisserai à porter des habits trop sombres ; ou seulement deux couleurs différentes. Je rêve la vie en couleur, c’est le secret du bonheur !

Quand je cherche à me définir, je pense à l’adjectif « heureuse ». Parce que même loin de mon pays, de ma famille, de mes amies, j’arrive à toujours positiver. Je me suis trouvée une place où je suis bien, je me suis fait de nouveaux amis, j’ai une clientèle qui m’adore ou du moins, qui semble bien m’aimer, et je suis une idole pour les enfants. J’ai de la chance, aussi, il faut dire, d’avoir un métier que j’aime autant et qui m’amuse autant. Mais j’ai toujours été d’un naturel optimiste. J’aime sourire, et chaque sourire en renvoie un autre, et cela permet ainsi de faire de nombreuses et intéressantes rencontres. Jamais un malheur ne m’a abattu plus de quelques heures. Je sèche très vite mes pleurs, et je fais de mes expériences une armure.
Chez moi, chaque rencontre est un art : j’observe les personnes méticuleusement sous tous les angles, puis j’essaye de ressentir chaque émotion que la personne m’inspire. Je ne déteste personne, mais je ne peux pas aimer tout le monde. Du coup, pour la personne en face, cela peut sembler très étrange voire même un peu inquiétant. On me traite même parfois de gamine à cause de ça. Ce qui fait que chaque personne qui me témoignera un peu d’intérêt après mon étrange danse peut me sembler alors très sympathique. Et si la personne est de sexe masculin, alors je pourrai presque en tomber amoureuse. Dès qu’on me témoigne un peu d’attention, je crois voir arriver mon prince charmant !…